mardi 28 août 2012

Carnet IV, Titicaca


Après un retour bref sur Cuzco, nous avons choisi de rejoindre Puno par le chemin des écoliers, flânant un peu par ici ou par là… Nous avons pu ainsi découvrir des sites moins connus mais charmants et intéressants, s’arrêter pour admirer les hauts plateaux de l’Altiplano et atterrir tranquillement en fin d’après-midi à Puno, ville départ pour le grand Titicaca. On vous prévient tout de suite, en aymara Titicaca signifie « Puma gris », et si vous vous moquez, il peut mordre ! 
Le voyage sur le lac commence par les îles Uros. Les Uros ne sont pas des Quechuas mais des Aymaras qui ne parlent donc pas le quechua mais l’aymara… A l’origine les Uros se sont mis à construire des îles en roseaux (totora) sur le lac afin d’échapper à l’hégémonie inca. Aujourd’hui il n’y a plus aucune raison de vivre dans cet habitat, humide, précaire et isolé… Les Uros qui accueillent aujourd’hui les touristes en remuant leurs jupons colorés sur « Vamos a la playa » ont bien compris cela et habitent des maisons en beau béton à Puno… Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas vraiment tombés sous le charme de ces îles flottantes au goût très frelaté…  et c’est avec impatience que nous avons repris le large…
Enfin nous arrivons à Amantani en fin de matinée et nous sommes accueillis par Serafina et Bianca, toutes vêtues de noir et fuchsia,  et avec tous nos bagages, nous montons haut, très haut avec juste assez d’air pour dire « c’est beau ! ». Nous découvrons notre famille et leur jolie maison construite sur deux étages. La cuisine est dans une autre petite maison ainsi que la « cabane » qui est comme chacun sait au fond du jardin. En ce qui concerne la salle de bain, on n’a pas osé demander… sauna et tennis, igual !!!  Les enfants savourent le vent de liberté qui souffle sur ces îles… et hop un Julien dans les orties. Heureusement Feliciano le père de la famille connaît la plante qui apaise…ouf, on était prêt à rentrer sur Puno à la nage… Les femmes d’Amantani portent un très beau voile qui tour à tour les protège du froid, du soleil. Ce voile noir est brodé exclusivement par le père, puis lorsque la jeune fille se marie, par l’époux. La nuit tombe vite à Amantani et c’est vers 20 h30 que l’on file se mettre sous la demi-douzaine de couvertures !!!
(Si vous passez par-là, un des chevaliers de Julien s’est fait la malle…)
Dans le petit matin, nous reprenons le bateau pour Taquile, où une fois encore, avec tous nos bagages, nous montons très haut sur l’île pour rencontrer notre famille d’accueil, Inès, Felipe et surtout notre merveilleux petit guide, Eliane et sa petite sœur Anali. Enchantés par Amantani, nous sommes littéralement subjugués par Taquilé… Sur la Plaza de armas, se tiennent les festivités pour la San Diego. Hommes et femmes défilent au son des tambours et de la flûte de Pan, parés de costume hauts en couleurs. Il est bien tentant de regarder sous les jupes des filles !!!  Dans les rues, les habitants sont tous en costume traditionnel, costume qui répond à des codes bien précis, selon que l’on est célibataire, marié ou … en recherche…, selon son statut social, juridique… et tout ce folklore n’est pas pour les touristes ! Lorsque Felipe sort de chez lui, il revêt son costume, le bonnet, la ceinture de portage… De même Eliane, 11 ans, s’empresse de mettre son voile noir bordé par son père et ses jupes multicolores pour sortir. Toute la petite famille suit comme elle peut Eliane sur cette île qu’elle connaît comme sa poche, les ruines, le temple, la plage en ramassant ici ou là des brins de laine ou de muña (sorte de mente endémique aux Andes dont les vertus médicinales sont multiples et dont le goût est très bon)… On rentre à la maison le temps de se dessiner Taquile et Manchay puis vers 17 heures, on dresse l’abri des brebis de la famille, on donne le biberon aux petits agneaux… le temps s’écoule lentement, simplement. Le froid tombe avec le soir, on s’offre une heure de contemplation d’un arbre mort (quel luxe) puis on se réunit tous autour du bon repas (pas de lapin…) d’Ines. Les gens de Taquile ne parlent pas beaucoup… ils pensent ! Ici les abrazos n’existent pas, pour engager la conversation on s’échange une feuille de coca et on mâchonne ensemble… Vient le moment du coucher, on s’émerveille un instant de l’incroyable effet que produit cette pleine lune sur le paysage puis on retrouve notre montagne de couverture, on éteint la lumière en disant « whaou, il est pas encore huit heures… » ! Le temps s’accélère au moment du départ, démonstration de tissage par Inès, un mois pour faire une ceinture… Le tissage revient aux femmes, le tricot aux hommes que l’on voit fréquemment en pleine action au détour des chemins… Les tissages de Taquile sont classés, à juste titre, au patrimoine mondial immatériel de l’humanité… Felipe nous enseigne quelques motifs tandis que nous admirons la dextérité d’Ines. A peine le temps d’une photo et d’un abrazo (nous sommes privilégiés !)  et notre séjour à Taquile s’achève. On se promet de se revoir à Manchay pour les grandes vacances !
Si vous passez par-là, on y a oublié notre sérénité !!

1 commentaire:

  1. Si j'ai bien compris, vous avez joué au Petit Poucet en laissant par ci par là quelques unes de vos affaires à peu près à toutes les étapes... Peur de perdre le chemin?
    On vous embrasse !

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